Depuis le début de l’année les Départements d'Outre-Mer se sont mis en mouvement contre la vie chère, contre la faiblesse de leurs revenus et pour réclamer le droit à une vie meilleure dans un contexte de crise de légitimité profonde du capitalisme. Alors des organisations locales tentent d’élargir le débat et d’atténuer les éventuels conflits, des interventions télévisées publiques viennent envenimer la situation.
En effet, nous avons vu et entendu M. Alain Huyghues Despointes, promu au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur, petit fils de colon, tenir des propos surréalistes et nous ramener aux splendeurs de la "société post-raciale":
Sur la réalité historique de l’esclavage, déclare t-il sur Canal+ : « les historiens exagèrent un peu les problèmes, ils parlent surtout des mauvais côtés de l’esclavage, mais il y a des bons côtés aussi.Il y a des colons qui étaient très humains avec leur esclaves, qui les ont affranchis, qui leur donnaient la possibilité d’avoir un métier,… » Sur le fait que les békés de la Martinique ne se mélangent pas, il répond : «….quand je vois des familles métissées avec des blancs et des noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie. Il y en a qui naissent avec les mêmes cheveux que moi, d’autres ont les cheveux crépus dans la même famille avec des couleurs de peau différentes. Moi, je trouve pas ça bien. on a voulu préserver la race… » "Préserver la race", le credo est lâché… Le même qui hante tous les bas-fonds de notre histoire commune trop souvent bafouée et/ou négligée : l'esclavage, la colonisation, la ségrégation, l'apartheid, le nazisme…
Les révisionnistes de la colonisation avaient voulu faire voter une loi reconnaissant le "rôle positif" de celle-ci. Alain Huyghues-Despointes, lui, prend les choses à la racine, remonte le cours du temps jusqu'aux origines de la domination, enfonçant encore plus profondément sa conscience dans la fange révisionniste. Un tel affront, après des milliers d'autres, pourra t-il jamais être lavé par des "excuses" ou des justifications malhonnêtes ?
Beaucoup de familles « békés » ont bâti leur fortune sur les traites négrières et l’esclavage. Aujourd’hui un bon nombre continue à développer cette fortune par leurs sociétés qui détiennent les monopoles d’approvisionnement avec la métropole, notamment dans les domaines de l’industrie agroalimentaires, avec toujours la même mentalité.
Il nous appartient à tous de ne plus cautionner et d’accepter que quelques familles puissent continuer à saupoudrer leur vision primaire et à prospérer.
Car malgré leur éloignement géographique, les DOM sont des collectivités territoriales intégrées à la République française au même titre que les départements ou régions de la France métropolitaine.
Depuis le début du conflit, Christiane Taubira, députée PRG de Guyane, tout en soutenant les grévistes, a fait un gros travail d’explications de la situation outre-mer dans les medias nationaux en trouvant les mots justes. Le LKP en Guadeloupe a obtenu satisfaction et l’accord a également abouti en Martinique. Nous nous en réjouissons. La lutte continue à la Réunion et la Guyane ne va rester sans bouger. La députée Radicale de Saint Pierre et Miquelon Annick Girardin a alerté le gouvernement sur la situation de ce territoire et est à l’initiative d’un collectif…
Ce combat est aussi le notre. La question sociale et notamment celle des salaires cristallise ici aussi les tensions. Alors que l’ensemble des salariés et plus particulièrement la jeunesse subissent une précarité accrue par les choix économiques du gouvernement, il est important de construire de manière unitaire une mobilisation d’ampleur FRATERNELLE ET SOLIDAIRE.
Sandra Vautour, militante associative et Radicale de Rantigny
article paru dans le FIL RADICAL N°2